Chapitre 3 : le vrai Paul.

10/04/2025

L'image que nous avons de Paul est fortement influencée par les 13 épîtres qui lui ont été attribuées. Je vais montrer en trois points qui est le Paul que nous trouvons dans le livre des Actes des Apôtres. Il est important de comprendre chaque personnage de la Parole de Dieu parce que sa présence n'est jamais due à une volonté de remplissage, mais doit nous apprendre des choses sur Dieu et sur nous-même. Je montrerai la lourdeur de ses failles, non pas pour l'amoindrir, mais pour que chacun puisse comprendre que Dieu peut nous utiliser malgré elles. Ce qui ne nous donne pas un vatout pour les conserver, mais nous enseigne que nous ne devons pas penser qu'il nous utilisera uniquement lorsque nous nous serons débarrassés de nos travers. La marche est longue, et penser qu'il faille la terminer pour commencer à le servir est souvent une rassurante excuse. Il choisira l'ordre dans lequel il faudra régler nos problèmes, et nous utilisera alors que certains ne seront toujours pas réglés. L'exemple de Paul sert à comprendre cela. Il était bien un serviteur de Dieu, mais, à l'image de Simon, ses faiblesses et ses erreurs doivent nous faire comprendre que Dieu sait ce qu'il fait. A l'image de Gédéon, nous sommes ce que Dieu voit en nous, et notre tâche est de le comprendre.

Le premier point que je traiterai est donc celui concernant Agabus.



Le livre des Actes
Agabus.

Lorsque Paul décide d'aller à Jérusalem, le Saint-Esprit parle aux disciples et les prévient que le voyage de Paul n'est pas la volonté de Dieu. Bien qu'on entende souvent l'inverse, il n'en reste pas moins que le texte nous dit clairement :

  • Actes 21.4 : Nous trouvâmes les disciples, et nous restâmes là sept jours. Les disciples, poussés par l'Esprit, disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem.

C'est donc bien Dieu, puisque je rappelle que l'Esprit en question est le Saint-Esprit, et donc qu'il est Dieu, qui a dit aux disciples que Paul ne devait pas monter à Jérusalem. Nous sommes donc les gardiens de nos frères, et si l'un d'entre eux n'écoute pas le Saint-Esprit nous devons l'en informer. Ce qui est intéressant, c'est que Paul n'écoutera pas, il avait déjà pris sa décision et n'était pas prêt à écouter les frères. Il s'ensuivra que Dieu va envoyer un prophète, et cette fois-ci, on note bien que le prophète en question, qui se trouve être Agabus, ne dit pas à Paul ce qu'il doit faire, parce que ça n'est pas la fonction des prophètes, ils doivent uniquement annoncer ce qui sera :

  • Actes 21.10-11 : Comme nous étions là depuis plusieurs jours, un prophète, nommé Agabus, descendit de Judée, 21.11 et vint nous trouver. Il prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains, et dit: Voici ce que déclare le Saint Esprit: L'homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le lieront de la même manière à Jérusalem, et le livreront entre les mains des païens.

La conséquence était simple, Dieu le prévenait qu'il serait mis dans les chaînes, ce qui arrivera effectivement. On constatera également qu'il sera emprisonné deux ans et aucune conversion ne sera citée dans tout ce laps de temps. Par contre, alors qu'il obéit enfin à Dieu en partant pour Rome, les conversions repartent des plus belles (Actes 21 et suivants).



Le livre des Actes
L'arrestation.

Trois problèmes se trouvent dans le même passage, mais le cas est particulier, parce qu'il vient du livre des Actes des Apôtres et pas d'une des épîtres attribuées à Paul. La différence étant que cette fois-ci, les évènements dépeints sont forcément vrais. La différence est de taille et mérite d'être mise en avant parce qu'il est important de comprendre le Paul du livre des Actes des Apôtres indépendamment de la fausse impression que laissent les épîtres qui lui ont été faussement attribuées. Le texte concerné est le suivant :

  • Actes 23.6-8 : Paul, sachant qu'une partie de l'assemblée était composée de sadducéens et l'autre de pharisiens, s'écria dans le sanhédrin: Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisien; c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement. 7 Quand il eut dit cela, il s'éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée se divisa. 8 Car les sadducéens disent qu'il n'y a point de résurrection, et qu'il n'existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses.

Les trois problèmes tiennent dans l'affirmation de son pharisianisme, dans la création volontaire d'un scandale et dans l'affirmation des raisons ayant mené à son arrestation.


a) Pharisien, fils de pharisien.

La particularité de ce point tient donc dans le fait qu'il ne met pas en avant quelque chose de faux, mais une information qu'il est important de prendre en compte au sujet de Paul. L'information importante tient dans le verset 6 : ... je suis pharisien, fils de pharisien. Bien sûr certains argueront de ce que Paul voulait dire qu'il avait été pharisien, mais ces derniers tordraient les écritures. Paul dit bien qu'il en est un, au présent, et cela pose évidemment problème. D'autant que nous sommes ici dans le livre des Actes des Apôtres, qui pour le coup, est un texte de la Parole de Dieu. Dès lors cette affirmation, qu'elle soit vraie ou non, a réellement été faite par Paul.

Jésus nous disait dans l'évangile selon Jean, en parlant de la loi : Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie (Jean 10.35), ce qui évidemment signifiait qu'elle ne peut pas l'être. Donc ce que Paul a dit dans le livre des Actes a obligatoirement une portée qu'on ne peut pas négliger de par le fait que ce soit bien la retranscription de ses propos. En conséquence, il y a un choix cornélien que nous sommes tous appelés à faire. Etant donné qu'il a bien prononcé ces paroles, alors :

1️⃣ soit Paul a menti en disant qu'il était pharisien.

​2️⃣ soit il a dit la vérité.

Et nous devons également garder à l'esprit ce que Jésus disait sur les pharisiens, dont Paul dit faire partie, soit :

➡️​ Ils ont une Justice insuffisante pour être sauvé (Matthieu 5.20)

➡️​ Ce sont des aveugles qui vont dans la fosse (Matthieu 15.12-14)

➡️​ Ils prodiguent un enseignement dangereux (Matthieu 16.12)

➡️ ​(Matthieu 23.3-4) : Ils disent, et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.

➡️ Et finalement, ce sont des hypocrites, iniques, insensés, aveugles, pleins de rapine et d'intempérance, ce sont des serpents et des races de vipère (Matthieu 23.13-36)

Nous avons donc là l'image d'un Paul qui fait une affirmation sur sa personne qui semble le condamner. N'oublions pas qu'il est en pleine désobéissance à l'instant où il l'a faite puisque cette arrestation fait suite aux avertissements d'Agabus concernant sa désobéissance et expliqués dans le point précédant. Il annonce de sa propre bouche ne pas encore avoir renoncé entièrement à ce qu'il était et considère toujours l'être. Le problème se situe donc essentiellement dans la compréhension que nous avons de sa personne. Sa faute ici est évidente, mais elle ne représente pas une condamnation pour autant, simplement une étape dans son parcours.


b) Le scandale.

Les deuxième et troisième problèmes dans le même passage tiennent justement dans la fin de ce même verset où il affirme être un pharisien. Regardons d'abord le deuxième.

  • Actes 23.6-8 : Paul, sachant qu'une partie de l'assemblée était composée de sadducéens et l'autre de pharisiens, s'écria dans le sanhédrin: Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisien; c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement. 7 Quand il eut dit cela, il s'éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée se divisa. 8 Car les sadducéens disent qu'il n'y a point de résurrection, et qu'il n'existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses.

Le texte nous dit clairement que la raison de l'affirmation de Paul tient à ce qu'une partie de l'assemblée était composée de sadducéens et l'autre de pharisiens et il n'est même pas nécessaire de bien connaître ces deux sectes pour comprendre ce que cela veut dire. Ca nous est précisé dans le verset 8 : Car les sadducéens disent qu'il n'y a point de résurrection, et qu'il n'existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses. Ces deux sectes avaient de vifs désaccords concernant les sujets que Paul met volontairement en avant. La réalité de ce qui se passe est simplement que Paul crée volontairement un scandale pour se sortir d'une situation fâcheuse.

La virulence de sa réaction a pour origine ce qu'il vient juste de faire et qui introduit l'entretien qu'il a avec son auditoire. Répondant au souverain sacrificateur, dont il ignorait l'identité, il lui dira : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger selon la loi, et tu violes la loi en ordonnant qu'on me frappe ! (Actes 23.3). Cependant, qu'il en ignorait l'identité ou non, il se trouve qu'il vient bien de maudire le souverain sacrificateur. Alors même que Dieu s'était retiré de Saül, David trembla d'avoir simplement découpé une pièce de son manteau. Paul a conscience qu'il vient de faire quelque chose de grave qui risque d'avoir des conséquences très directes s'il ne détourne pas l'attention.

Il a maudit le descendant d'Aaron, en poste à la tête du temple. C'est immédiatement après avoir appris ce qu'il venait de faire qu'il prend la décision de créer un scandale afin d'opposer les deux parties en présence et donc afin de les diviser. Pourtant le Paul des épîtres affirmera à plusieurs reprises qu'il ne faut pas le faire, comme par exemple dans la première épître aux Corinthiens, dans les deux versets suivants :

  • 1 Corinthiens 10.32-33 : Ne soyez en scandale ni aux Grecs, ni aux Juifs, ni à l'Église de Dieu, de la même manière que moi aussi je m'efforce en toutes choses de complaire à tous, cherchant, non mon avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés.

On notera que si le Paul des épitres dit qu'il ne faut pas créer de scandale, précisant qu'il ne le fait pas, il ajoute également qu'il ne cherche pas son avantage. Pourtant c'est très exactement ce qui s'est passé dans le passage des Actes. Il a volontairement créé un scandale dans le but de créer une division et d'en tirer un avantage. Aussi, cela ajoute à la différence qu'il y a entre le vrai Paul et celui, fictif, des 13 épîtres qui lui ont été attribuées.


c) Son arrestation.

Ce troisième problème est donc à nouveau dans le verset 6. Il nous y donne la raison de son arrestation. Ses termes sont très exactement : c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement. On a déjà vu qu'il disait cette phrase spécifiquement pour créer un scandale, mais regardons maintenant si en soi elle est vraie. D'autant que nous savons pourquoi il a été arrêté, le texte du livre des Actes des Apôtres nous le faisant remonter.

Or nous trouvons les détails de son arrestation dans le chapitre 21. Tout d'abord le texte nous dit :

  • Actes 21.27-30 : Sur la fin des sept jours, les Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, 28 en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l'homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. 29 Car ils avaient vu auparavant Trophime d'Éphèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l'avait fait entrer dans le temple. 30 Toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts. Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées.

Donc les choses sont claires, selon ce texte, bien qu'il se trompe, le peuple est de bonne foi. Ce que le peuple croit est basé sur le fait qu'ils pensaient que Paul avait fait entrer Trophime d'Ephèse dans le temple (verset 29). C'est la raison pour laquelle : ils le traînèrent hors du temple. Ensuite, le tumulte attire la cohorte Romaine qui, ne parvenant pas à comprendre ce qui se passe en raison du brouhaha, met Paul aux arrêts.

  • Actes 21.31-33 : Comme ils cherchaient à le tuer, le bruit vint au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion. 32 A l'instant il prit des soldats et des centeniers, et courut à eux. Voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper Paul. 33 Alors le tribun s'approcha, se saisit de lui, et le fit lier de deux chaînes. Puis il demanda qui il était, et ce qu'il avait fait.

La, je viens de montrer la raison de son arrestation, pourtant il affirme dans sa volonté de créer un scandale, qu'il est mis en jugement : à cause de l'espérance et de la résurrection des morts. La raison invoquée n'est pas en accord avec la réalité exprimée dans ce même livre des Actes des Apôtres.

Ce court passage contient donc bel et bien trois points précis démontrant que le Paul dont on nous parle avait encore bien du trajet à faire. Et sa présence dans la Parole de Dieu est un rappel vibrant de ce que Dieu peut nous utiliser pendant la marche et n'attendra pas que nous soyons parfaits selon nos critères. Il est évident que Paul a usé de légèreté dans ses propos, et aucun n'est justifiable. Il ne convient pas de les regarder en se voilant la face, mais d'admettre que Dieu a agi dans un moment de faiblesse de Paul, parce qu'il était encore en transformation, comme nous le sommes tous. Il est amusant de constater l'idolâtrie que vouent bon nombre de croyants, qui choisissent de comprendre ce passage d'une manière qui fasse plus honneur à la personne de Paul qu'à la vérité. Pourtant le même comportement n'existe pas en ce qui concerne le roi David, dont tout le monde admet les fautes. Ces mêmes fautes dont l'importance est fondamentale parce que rien dans la Parole ne s'y trouve par hasard, mais tout a valeur d'enseignement. Dieu n'a pas voulu que sa Parole écrite soit épaisse pour nous aider à meubler les longues soirées d'hiver, mais parce que nous avions besoin des informations qui y sont conservées pour notre propre édification. Nier les fautes de Paul c'est se refuser des leçons qui ont été mises là pour nous aider à grandir. Paul était un tyran sanguinaire qui a rencontré le Seigneur, rien que cela est déjà une leçon en soi qui devrait nous enseigner à prier pour le salut des tyrans qui dirigent nos peuples. Mais au-delà, ce que nous montre le livre des Actes des Apôtres à différents endroits, est que la sincérité de Paul avait fait de lui un outil pour Dieu, et ce, bien qu'il ait encore des failles, dont certaines semblent sévères. Mais ce qui semble sévère aux hommes ne l'est pas nécessairement pour Dieu, qui juge l'homme selon la vérité et non selon les apparences.

Il est important de regarder chaque personnage de la Parole de Dieu en se détachant de ce que nous aimerions qu'il soit, pour que la signification de sa présence devienne un moteur dans nos vies.



Le livre des Actes

La notion d'apôtre.

L'essentiel de ce qui est dit ici est issu de l'enseignement sur la notion d'apôtre, qui peut être trouvé dans son intégralité dans le lien suivant (lien)


a) Barnabas, Paul, Jude et Silas.

Le livre des Actes des Apôtres présente plusieurs particularités au regard de la notion même d'apôtre. La plus évidente est que Judas devait avoir un remplaçant, et donc qu'il ne pouvait y avoir que 12 apôtres du Seigneur, pas un de plus. Cette précision d'apôtre du Seigneur, ou de Jésus-Christ n'est jamais présente dans le livre des actes, pourtant, elle sera permanente ensuite. Je reviendrai là-dessus sous peu. La condition pour faire partie des 12 était stricte :

  • Actes 1.21-22 : Il faut donc que, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, 22 depuis le baptême de Jean jusqu'au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui nous soit associé comme témoin de sa résurrection.

Cela fait que ce livre, c'est l'histoire des 12 apôtres.

La présence du verset 14 du chapitre 14 est donc une particularité :

  • Actes 14.14 : Les apôtres (apostolos) Barnabas et Paul, ayant appris cela, déchirèrent leurs vêtements, et se précipitèrent au milieu de la foule,

C'est la seule fois où Barnabas et Paul seront appelés apôtres. C'est étrange, non pas qu'ils ne le soient qu'une seule fois, mais qu'ils le soient tout court. Justement pour la raison que j'ai citée par avant, il ne pouvait y en avoir que 12, et si on ne connaît pas Barnabas, on sait au moins que Paul ne correspond en rien au passage de Actes 1.21-22 cité avant. Par ailleurs, Barnabas et Paul font tous les deux partie de l'église d'Antioche dont on nous dit précisément qu'elle contenait des prophètes et des docteurs, pas des Apôtres (Actes 13.1 : Il y avait dans l'Église d'Antioche des prophètes et des docteurs: Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul). La première chose à comprendre est que cette appellation spécifique les concernant est faite lorsqu'ils sont à Lystre (Actes 14.8), donc envoyés par l'église d'Antioche. Cette étrangeté se comprend mieux lorsqu'on regarde la suite de plus près et spécifiquement le chapitre 15.

Gardons à l'esprit, pour comprendre le chapitre 15 du livre des Actes des Apôtres, que Barnabas et Paul ne seront plus appelés apôtres dans tout le livre des Actes.

La situation se trouve être qu'une contestation survient au sujet de la circoncision entre Barnabas, Paul, et les frères d'Antioche. Ne trouvant pas d'entente, les frères décident d'aller demander leur avis à ceux qui sont dépositaires de l'autorité de Jésus, les Apôtres. Ce qui induit que Barnabas et Paul ne sont pas considérés comme en faisant partie (Actes 15.2 : Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion; et les frères décidèrent que Paul et Barnabas, et quelques-uns des leurs, monteraient à Jérusalem vers les apôtres (apostolos) et les anciens, pour traiter cette question). Une troupe se constitue et tout ce beau monde monte à Jérusalem et raconte aux Apôtres ce qui les concerne (Actes 15.4 : Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l'Eglise, les apôtres (apostolos) et les anciens, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux). Après avoir exposé ce qui concerne leur différent, les apôtres et les anciens se réunissent pour en discuter, ce qui signifie une fois de plus que Barnabas et Paul n'en font pas partie (Actes 15.6 : Les apôtres (apostolos) et les anciens se réunirent pour examiner cette affaire. Finalement, une décision est prise et les Apôtres et les anciens décident d'adjoindre à Barnabas et Paul, Jude et Silas (qui sont prophètes) en les renvoyant à Antioche (Actes 15.22-23 : Alors il parut bon aux apôtres (apostolos) et aux anciens, et à toute l'Eglise, de choisir parmi eux et d'envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas, Jude appelé Barsabas et Silas, hommes considérés entre les frères. 23 Ils les chargèrent d'une lettre ainsi conçue : Les apôtres (apostolos), les anciens, et les frères, aux frères d'entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut !). Ces deux seront la voix des Apôtres. La troupe se rend donc à Antioche, et Jude et Silas sont la voix des Apôtres. C'est là que survient un verset qui permet la compréhension de pourquoi Barnabas et Paul sont appelés apôtres. Le verset en question est le suivant :

  • Actes 15.33 : Au bout de quelque temps, les frères les laissèrent en paix retourner vers ceux qui les avaient envoyés (apostolos).

C'est le seul verset de tout le nouveau testament où le mot 'apostolos' n'est pas traduit par 'Apôtre'. C'est bien dommage parce que cela aurait attiré l'attention sur la véritable signification du terme apôtre. Ce que nous dit ce verset, c'est que les frères les laissèrent en paix retourner vers ceux qui les avaient faits apôtres. Cela peut paraître étrange, mais c'est exactement le sens de ce verset. Jude et Silas sont les personnes concernées par ce verset, même si Silas décidera de ne pas rentrer à Jérusalem. Ce qui fait qu'en nous basant sur ce chapitre, il y a 16 apôtres dans le livre des Actes des Apôtres, les 11 originaux, Matthias en remplacement de Judas et enfin Barnabas, Paul, Jude et Silas. La différence se trouvant dans celui qui envoie.


b) Celui qui envoie.

Jésus est l'apôtre de Dieu (Hébreux 3.1), Les 12 disciples de Jésus sont les apôtres de Jésus, les quatre autres sont les apôtres des 12 premiers. Une fois de plus, ce qui rend cette phrase étrange, c'est justement le fait que la signification du mot apôtre n'est pas encore suffisamment ancrée en nous. Peu importe ce que ces 4 seront ou ne seront pas plus tard, dans l'immédiat, ce sont les 12 qui les ont envoyés, ils en sont donc les ambassadeurs. En arrivant à Antioche, ils ne parlent pas pour Dieu, mais pour les apôtres de Jésus. C'est pour cela que lorsqu'un différend apparaît, les frères d'Antioche se tournent vers ceux qui ont envoyé Barnabas et Paul, ils ne se tournent pas vers Dieu pour avoir la réponse. Ils ont un problème avec la prédication de ceux qui ont été envoyés, donc ils se tournent vers ceux qui les ont envoyés.

On comprend plus facilement cela avec le texte de la mise à part :

  • Actes 13.2-4a : Pendant qu'ils servaient le Seigneur dans leur ministère et qu'ils jeûnaient, le Saint Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. 3 Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir. 4 Barnabas et Saul, envoyés par le Saint Esprit, ...

Cette scène se passe à Antioche, le Saint-Esprit ne parle pas à Barnabas et Saul, mais de toute évidence, de par la forme de la phrase, à des personnes en charge de cette église, lesquelles n'étant pas précisées. Tout ce qu'on peut déduire avec certitude, c'est que le Saint Esprit ne s'est pas adressé à eux, il l'a fait à d'autres en leur disant de les mettre à part. Ils vont le faire et les envoyer, selon la volonté du Saint-Esprit, pas de Jésus. Cela ne signifie pas que Jésus ne soit pas d'accord, mais seulement que ce n'est pas Jésus qui les envoie. Seuls les 12 premiers et Matthias ont été envoyés par Jésus. Donc, bien que ce soit le Saint Esprit qui en donne la direction, c'est l'église qui les met à part, et finalement, c'est lors de leur envoi qu'ils seront appelés 'apôtres' (Actes 14.14 : Les apôtres Barnabas et Paul ...). Ils terminent ensuite leur périple dans ce même chapitre et retournent à Antioche, donc à leur point de départ, ce qui met fin à leur envoi.

  • Actes 14.26 : De là ils s'embarquèrent pour Antioche, d'où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir.

C'est au début du chapitre suivant que survient le trouble qui va justifier d'aller vers les apôtres, à ce moment, Barnabas et Paul ne sont plus apôtres. Ils l'ont été le temps de leur œuvre, mais elle s'est terminée. C'est une des différences avec l'apostolat des 12 premiers et de Matthias, leur service en tant qu'ambassadeurs (qui signifie apôtre) est permanent, parce que ce que Jésus (qui est celui qui les a envoyés) leur a dit de faire est permanent.

Le seul qui appelle Paul : "apôtre de Jésus-Christ", n'est que le Paul présenté dans les épîtres qui lui sont attribuées. Le livre des Actes des Apôtres invalide la possibilité que qui que ce soit soit apôtre de Jésus-Christ.